STEFAN ZWEIG, ADIEU L’EUROPE
(Vor der Morgenröte)
Jeudi 30 mars à 14h00 – Séance scolaire ouverte au public
de Maria Schrader
(Allemagne – 2016 – 1h46 – Couleur – VOSTF)
Scénario : Maria Schrader et Jam Schomburg
Avec : Josef Hader, Barbara Sukowa, Aenne Schwarz
En 1936, Stefan Zweig décide de quitter définitivement l’Europe. Le film raconte son exil, de Rio de Janeiro à Buenos Aires, de New York à Petrópolis.
Zweig, le véritable héros du film ? Cela reste à nuancer. Si l’Europe est matériellement absente, le spectre du Vieux Continent se niche au détour de chaque scène. Elle hante le regard diaphane de l’écrivain, s’impose dans les conversations. Derrière la jungle, ce sont les montagnes autrichiennes qui se dessinent en filigrane. Et à travers cet ensemble de cuivres maladroit, c’est la musique de Strauss que Zweig reconnaît.Le film renforce le mythe de l’écrivain en exil. Le mot d’apatride y revient constamment. Le Brésil, une « terre d’avenir » ? Rien n’est moins sûr. Isolé de ses amis et rongé par la mélancolie, Stefan Zweig cède à ses idées noires. La déroute des Britanniques à Singapour et le bombardement d’un bateau marchand brésilien le conduisent au geste fatal. L’écrivain s’empoisonne en février 1942, emportant avec lui son épouse dans la tombe. L’adaptation de cet événement offre au spectateur une très belle scène de cinéma. Les corps des époux, la lettre d’adieu, la douleur des proches… tout se laisse deviner à travers le reflet d’un miroir. Après Vingt-quatre heures de la vie d’une femme, nous voici donc plongés pour deux heures dans la vie d’un homme obsédé par le souvenir de sa patrie. (Charlotte Landru-Chandès – Le Point)